Au coeur de réseaux pro

[COMPETENCES] Pour débuter une thèse, les étudiants doivent obtenir la confiance d’un directeur de thèse car celui-ci a une responsabilité importante sur la thèse : la perte de crédibilité de l’un entraîne la perte de crédibilité de l’autre. Le directeur de thèse doit voir chez les étudiants de potentiels futurs docteurs, c’est-à-dire des personnes qui ont la capacité de devenir des chercheurs ou d’apporter quelque chose de spécifique, nouveau, innovant (de la « valeur ajoutée ») au « monde du travail » dans lequel ils s’inséreront. Les doctorants devront s’intégrer dans le milieu de la recherche, se socialiser, faire partie ou créer des réseaux pour augmenter leurs chances :

  • de faire partie de projets (ANR, contrat européen des programmes-cadres de recherche et de développement…),
  • de publier (ouvrages, articles…),
  • d’obtenir des financements (bourses, prix…),
  • de trouver des opportunités de travail (vacations d’enseignement ou autres, CDD, travail de secrétariat, post-doctorat…)…

Les doctorants sont donc nécessairement habitués à fonctionner en réseau et en synergie. En effet, les chercheurs n’ont pas de hiérarchie au-dessus d’eux et nul ne peut obliger un enseignant ou un chercheur à travailler avec un autre. Les projets ne peuvent avancer et se réaliser sans de la bonne volonté, de la confiance, les qualités relationnelles de chacun et des affinités culturelles, idéologiques et méthodologiques. Mais il existe toutes sortes de situations hiérarchiques ou non et possiblement conflictuelles auxquelles le doctorant doit faire face et gérer avec leur directeur de thèse, avec les stagiaires, avec le personnel technique, avec les secrétaires…

Ils peuvent ou doivent apprendre à déléguer certaines parties de leur travail à d’autres spécialistes ou à d’autres catégories de personnel. L’aspect personnel et relationnel est donc fondamental dans le fonctionnement du doctorat. Les sciences humaines et sociales (sociologie, psychologie…) et leur manière d’aborder les relations humaines sont des atouts pour le « monde du travail » car ce monde est avant tout constitué par un ensemble de groupes sociaux pluriels, hétérogènes, complexes, changeants eux-mêmes constitués d’humains tout aussi pluriels, hétérogènes, complexes, changeants qu’il s’agit de comprendre et gérer au quotidien dans leurs multiples interactions et relations. Comme le savent beaucoup de personnes qui gèrent des activités entrepreneuriales, des projets, des groupes, des institutions, des administrations, des associations…, le « monde du travail » ne peut pas être géré de façon purement économique, financière, informatique et technique comme cela peut être fait à propos des objets, des matériaux, des robots, des ordinateurs, des chiffres ou des concepts. La rationalisation des activités entrepreneuriales ne peut se faire au dépend des humains à l’origine de ces activités sans avoir des conséquences graves : maladies, grèves, dépressions, arrêts du travail, suicides, dysfonctionnements, ralentissements, sabotages… C’est une évidence de dire que la gestion des ressources humaines a tout à gagner de l’apport des sciences humaines (a fortiori la psychologie et la sociologie des organisations et du travail) pour améliorer ses relations, son organisation, son fonctionnement. Les sciences humaines et sociales, qui sont des sciences des relations, sont le complément indispensable des sciences de l’ingénierie (pourquoi ne pas parler, par exemple, d’« ingénierie de la société » comme on parle d’« ingénierie des matériaux » ?).

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